1 - Comprendre le phénomène de harcèlement entre élèves

  • Durée :

    15 minutes.

  • Objectifs :
    • connaître le phénomène de harcèlement entre élèves et ses conséquences ;
    • connaître le cadre légal.

Partie 1 sur 3 : Le harcèlement, c’est quoi ?

Partie 1 sur 3, sous-partie 1 sur 3 : Comment définir le harcèlement entre élèves ?

Dans la vidéo ci-dessous, Docteur Nicole Catheline, pédopsychiatre au CHU Henri Laborit de Poitiers et spécialiste des relations des enfants et adolescents avec la scolarité, décrit les mécanismes du harcèlement entre élèves (3 min 18 s).

  • Le harcèlement est une violence répétée qui peut prendre différentes formes telles que les insultes, les rumeurs, les intimidations physiques ou morales, etc.
  • Le harcèlement peut toucher tous les élèves, quel que soit leur milieu social ou l’établissement qu’ils fréquentent.
  • Le harcèlement peut se manifester au sein de l’école ou de l’établissement, mais également à l’extérieur (pendant le trajet ou aux abords de l’établissement). Il peut aussi apparaître dans la sphère privée, par le biais d’appels ou de SMS, ou sur les réseaux sociaux, c’est ce que l’on appelle le cyberharcèlement.
  • Les violences liées au harcèlement sont souvent peu visibles des adultes, car elles se déroulent à l’abri de leur regard (dans les coins de la cour, les couloirs, la cantine, dans les vestiaires, pendant les trajets, sur internet, etc.). Parfois, elles sont cachées (jets d’objets dans le dos des enseignants, insultes dites à voix basse, coups donnés en l’absence de témoins). Ces violences, qui s’exercent de manière discrète, peuvent alors sembler anecdotiques et être minimisées par les adultes qui n’en ont pas été témoins.

La dynamique du harcèlement

Le phénomène de harcèlement entre élèves s’inscrit dans une dynamique de groupe impliquant :

  • une ou plusieurs victimes ;
  • un ou plusieurs auteurs ;
  • un ou plusieurs témoins.

Lorsque l’auteur agit, le silence ou les rires des témoins l’encouragent : il devient le centre d’attention des autres élèves, ce qui lui confère une position de force au sein du groupe.

  • Les élèves témoins :
    Les témoins sont généralement conscients des situations de harcèlement. Soit ils interviennent pour défendre et soutenir la victime ce qui peut mettre rapidement un terme à la situation de harcèlement, soit ils ne disent rien et laissent la situation de harcèlement perdurer. Généralement, les témoins n’osent pas intervenir, car ils craignent de se trouver à leur tour dans la position de victime ou parce qu’ils ne savent pas comment réagir. On sait pourtant que le rôle des témoins est décisif dans la persistance du harcèlement.
  • Les élèves victimes :
    Il n’existe pas de profil prédéterminé pour une cible de harcèlement, tout individu étant susceptible d’être visé. Si certains traits de personnalité tels que la timidité et une faible estime de soi peuvent accroître la vulnérabilité, en aucun cas la victime ne peut être tenue responsable de sa situation. Celle-ci peut éprouver des difficultés à exprimer ce qu’elle subit. Que ce soit parce qu’elle ne l’identifie pas initialement comme une forme de violence qu’elle va minimiser, ou encore par honte, par crainte d’aggraver la situation, ou par appréhension des réactions des adultes.
  • Les élèves auteurs :
    Il n’existe pas de portrait-type d’élèves auteurs de harcèlement. Les origines de la violence peuvent être multiples : difficultés à communiquer sereinement, agressivité par peur de l’autre, réponse violente au harcèlement que l’élève pourrait lui-même subir ou avoir subi antérieurement, expression d’un mal-être, etc. La recherche de la violence n’est pas une fin en soi, bien qu’elle puisse se manifester, mais plutôt un moyen d’acquérir une position au sein du groupe par des méthodes agressives.

Quelques formes de harcèlement entre élèves

Il est indispensable de comprendre que les faits de harcèlement ne sont pas toujours fondés sur des violences spectaculaires. Les effets de répétition de micro-violences peuvent être tout autant dévastateurs.

Les violences physiques :

  • les bousculades, les coups : les auteurs peuvent infliger des coups à leurs victimes, causant des blessures et de la douleur ;
  • les crachats : cracher sur quelqu’un est une forme d’humiliation physique ;
  • l’arrachage de mèches de cheveux : les auteurs peuvent tirer violemment les cheveux de leurs victimes ;
  • le racket : certains auteurs forcent leurs victimes à leur donner de l’argent ou des effets personnels.

Les violences verbales :

  • les injures : les auteurs utilisent des mots offensants, des insultes et des humiliations pour blesser leurs victimes ;

Les violences psychologiques :

  • le rejet : les auteurs excluent délibérément les victimes des groupes sociaux, des jeux ou des activités ;
  • la propagation de rumeurs : les auteurs répandent des rumeurs malveillantes sur les victimes.
  • le mépris : ignorer, ridiculiser ou dévaloriser une personne constitue également une forme de violence psychologique.

Partie 1 sur 3, sous-partie 2 sur 3 : Des chiffres clés

En novembre 2023, à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, tous les élèves du CE2 à la classe de terminale ont été invités à remplir un questionnaire d’auto-évaluation anonyme mis à disposition de l’ensemble des écoles, collèges et lycées. À cette opération est adossée une enquête statistique menée auprès de 21 700 élèves du CE2 à la terminale.

Cette enquête permet de dresser un état des lieux chiffré sur le phénomène de harcèlement entre élèves.


Les résultats de cette enquête, indiquent les pourcentages d’élèves victimes de harcèlement :

5 % des élèves du CE2 au CM2, 6 % des élèves au collège et 4 % des élèves au lycée. En moyenne, plus d’un élève par classe est victime de harcèlement.

Retournez les cartes ci-dessous pour connaître les atteintes les plus fréquemment signalées par les élèves.

Il est important de noter que les garçons signalent plus souvent des bagarres, tandis que les filles sont plus souvent victimes d’atteintes d’ordre psychologique.

Partie 1 sur 3, sous-partie 3 sur 3 : Prolongement du harcèlement en ligne : le cyberharcèlement

Le cyberharcèlement est avant tout une forme de harcèlement.

Le cyberharcèlement concerne des faits qui ont été commis par l’utilisation d’un service de communication au public en ligne ou par le biais d’un support numérique ou électronique.

Le cyberharcèlement se manifeste à travers l’usage des smartphones, des SMS, des tchats, des blogs, des jeux en ligne, des courriels, des réseaux sociaux, etc. L’utilisation de ces supports contribue à la propagation de l’information à grande échelle, de manière rapide et incontrôlée.


Le cyberharcèlement peut prendre plusieurs formes telles que :

  • les intimidations, les insultes, les moqueries ou les menaces ;
  • la propagation de rumeurs ;
  • la création d’un sujet de discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’un camarade de classe ;
  • la publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture ;
  • le sexting non consenti (contraction de « sex » et « texting » qui désigne l’échange de contenus à caractère sexuel par SMS ou messagerie) et la vengeance pornographique.

Partie 2 sur 3 : Que dit la loi ?

Partie 2 sur 3, sous-partie 1 sur 2 : Concernant le harcèlement entre élèves

Depuis le 2 mars 2022, le harcèlement scolaire constitue un délit spécifique, passible d’une peine allant jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende, en fonction de la gravité des faits et de l’âge des auteurs.

L’article L111-6 du Code de l’éducation, créé par la loi n°2022-299 du 2 mars 2022 – art. 1, stipule que :

« Aucun élève ou étudiant ne doit subir de faits de harcèlement résultant de propos ou comportements, commis au sein de l’établissement d’enseignement ou en marge de la vie scolaire ou universitaire et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de dégrader ses conditions d’apprentissage. Ces faits peuvent être constitutifs du délit de harcèlement scolaire prévu à l’article 222-33-2-3 du Code pénal. »

Partie 2 sur 3, sous-partie 2 sur 2 : Concernant le cyberharcèlement

Selon l’article 222-33-2-2 du Code pénal, le cyberharcèlement est une circonstance aggravante du harcèlement moral, « lorsque les faits ont été commis par l’utilisation d’un service de communication au public en ligne ou par le biais d’un support numérique ou électronique ».

Retournez les cartes ci-dessous pour connaître les sanctions applicables à un auteur de cyberharcèlement.

C’est un délit punissable et les sanctions varient selon l’âge de la victime et de l’auteur des faits.

Partie 3 sur 3 : Quelles conséquences pour les victimes, les auteurs et les témoins  ?

Partie 3 sur 3, sous-partie 1 sur 3 : Conséquences sur les victimes

À court terme, le harcèlement perturbe le processus éducatif de l’élève victime, favorisant le décrochage scolaire :

  • difficultés à mémoriser, à se concentrer et baisse des résultats scolaires ;
  • absentéisme et décrochage scolaire ;
  • isolement et repli sur soi ;
  • douleurs physiques (maux de ventre, vomissements, insomnies, troubles alimentaires…) ;
  • perte d’estime de soi.

L’impact du harcèlement peut être de longue durée et les conséquences peuvent se répercuter à moyen et long terme :

  • difficultés relationnelles et faible estime de soi ;
  • augmentation de l’anxiété ;
  • risque de dépression (l’enfant va imaginer qu’il est responsable et coupable des mauvais traitements qu’il subit) ;
  • comportement suicidaire ;
  • comportements violents.

Partie 3 sur 3, sous-partie 2 sur 3 : Conséquences sur les auteurs

Un élève auteur de harcèlement peut développer des difficultés scolaires entraînant échecs et absentéisme. Le sentiment d’être dans son bon droit et la valorisation apportée par sa position dominante entraînent une absence d’empathie.

Ces périodes de sentiment de toute puissance peuvent alterner avec des périodes d’abattement, voire de dépression, qui peuvent conduire à des addictions ou des mises en danger.

Dans les situations les plus longues, les comportements agressifs et violents peuvent entraîner des troubles de la socialisation, une marginalisation, des conduites délinquantes.

Il est important de souligner que les rôles sont interchangeables. En effet, un enfant auteur de harcèlement peut à plus ou moins long terme devenir une victime de harcèlement.

Partie 3 sur 3, sous-partie 3 sur 3 : Conséquences sur les témoins

Si l’on n’a pas spécifiquement examiné les conséquences sur les témoins, Dr. Catheline met en lumière le sentiment d’impuissance qu’ils ressentent face à une agression, soulignant que cela peut susciter une intense culpabilité, et éventuellement entraîner des troubles anxio-dépressifs. Le fait d’avoir été témoin de violence est étroitement lié à des problèmes tels que la dépression, le syndrome de stress post-traumatique et l’anxiété.

Par ailleurs, ne pas avoir agi au moment des faits peut conduire les témoins à développer un sentiment durable de culpabilité ou dépréciatif envers eux-mêmes.

Assister à une situation du harcèlement peut inciter des témoins soit à adopter à leur tour des pratiques violentes, soit à développer un sentiment d’insécurité, devenant ainsi auteurs ou victimes.